Qui pense à ma place ?
Il y a des moments où l’échange est intense et puissant. Des moments où l’on interroge l’histoire, le monde actuel, son avenir, sa survie… Des moments d’une intensité rare, qui font du bien, qui pour un moment vous donnent la sensation de savoir, d’avoir les réponses sur le bout de la langue et au moins de savoir par quel bout prendre les problèmes.
Avec le déconfinement qui s’annonce, combien sommes-nous à refaire le monde avec nos proches ? À envisager l’avenir, à parfois revenir sur les modes de vie des anciens… Était-ce mieux avant ? Et si oui, en quoi ? En tout ? Certainement pas !
J’ai eu le plaisir d’entamer ma journée avec ce type d’échanges. Quel pied ! La discussion avançant, les idées s’emboîtant les unes les autres, tandis que nous allions d’un consensus à une opposition de point de vue, nous nous sommes pris à vouloir trouver des solutions pour le monde entier. Pour au moins l’Occident. Pour au moins la France.
Universalisme en mousse
Il faudrait remplacer l’activation des mécanismes physiologiques du plaisir provoquée par la consommation par quelque chose d’autre. Oui mais quoi ? La spiritualité ? Redonner du sens au faire et moins à l’avoir alors ? En tout cas, il faudrait que les gens soient moins hantés par le désir d’avoir du nouveau. Il faudrait remplacer dans l’esprit de la société, le plaisir de la nouveauté et le désir d’être un héros universel.
Les idées fusaient… elles fusaient toutes autour d’un même mécanisme finalement, celui de mettre dans l’esprit de nos contemporains des idées qui remplaceraient celles qui épuisent nos ressources et qui sont implantées par le modèle post 1945 dans les frêles esprits des masses.
La limite qui dépasse les bornes
Implanter d’autres idées que celles qui ont été implantées. Remplacer une pensée imposée par une autre ? Reconnaître à l’humanité l’incapacité de prendre des décisions sensées hors de l’influence d’une élite… Avec nous dans le rôle de l’élite bien sûr.
C’est gênant comme idée. C’est encore plus gênant peut-être quand on imagine que ceux qui ont ce genre d’échanges sont eux-mêmes soumis à l’influence de leurs contemporains, mais aussi de leurs aînés.
Mise en abîme
Si ma pensée ne peut sortir ex-nihilo et qu’elle prend nécessairement sa source dans mes lectures, mes visionnages tout ce qui est venu depuis ma naissance infléchir ma réflexion , comment puis-je imaginer atteindre une pensée neuve ?
Et quand bien même ma réflexion serait légitime et sensée, je ne ferais que me substituer à ceux dont je critique aujourd’hui les idéologies et qui on construit et nourrit le système que je chercher à remplacer.
Cela dit, si je ne fais pas cet exercice de pensée, comment pourrais-je faire évoluer la situation quand il est évident pour tous qu’elle n’est pas durable ?
Responsabilité ou déresponsabilisation
Faut-il alors accepter d’endosser le costume de celui qui va dicter la pensée de ses contemporains avec tous les biais que cela induit dans la conceptualisation du message ? Dans son émission ? Dans son imposition au fil du temps pour l’amener à l’esprit de la société comme une évidence ?
Sur le même modèle que celui qui nous amène aujourd’hui à penser qu’il est parfaitement naturel de partager nos pensées sur tous les sujets qui nous traversent ? Jusqu’au salut de l’humanité dans les années à venir ?
Faut-il être prétentieux ou lucide pour imaginer que la société a besoin de mes pensées ? De mon discours ? Et si je ne donne pas de la voix, qui le fera à ma place, hein ?
Qui pensera à ma place ?
Photo credit: la grosse mymy on Visual Hunt / CC BY-NC
Qui pense à ma place ? Je pense que ta réponse, Yves, c’est qu’il faut proposer des idées, des chemins pour remplacer la consommation. Proposer, pas imposer. Chacun choisira son moyen. Son idée. Son produit de substitution. L’instruction aide la pensée à se développer, mais ne sommes-nous pas libres de nos arborescences ?
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