Ma rencontre avec Francis Hallé : dans les yeux d’un géant
Bonjour à tous,
Me voilà de retour de Paris avec en point d’orgue, une rencontre absolument extraordinaire : j’ai enfin rencontré le grand botaniste français Francis Hallé !
En juin 2014, j’ai décidé, j’ai senti, que je devais absolument rencontrer Francis Hallé. Pour son talent de vulgarisateur, pour ses immenses connaissances du vivant et spécialement des arbres… et finalement, pour une question de feeling. J’espérais un peu naïvement l’intéresser à Vegetal Native avant même de l’avoir nommé ainsi.
Les choses se sont précisées doucement et j’espérais avoir une heure d’échange avec lui peut-être, pour lui poser quelques questions sur le fonctionnement de la Nature.
Et puis… vendredi 23 janvier 2015, sur le quai numéro 15 de la gare de Lyon, à 10h45, la rencontre s’est faite. Elle a duré près de 8 heures ! Huit heures d’échanges absolument passionnant, à peine interrompus par une conférence d’une heure que j’ai filmé pour la partager avec vous et que je suis en train de monter (un conseil : soyez prêts à être étonnés) !
Francis Hallé : How I met a… Man
On n’imagine pas tant qu’on ne l’a pas vécu ce que c’est que de rencontrer un « Grand Homme ». A la fois simple dans sa façon d’être, dans son rapport à l’autre et en même temps incroyablement pointu dans son domaine d’excellence : les forêts tropicales primaires.
Songez que j’ai plongé dans des yeux qui ont vu les dernières forêts préservées du monde. Qui sait combien d’entre nous pourrons encore les voir…
Des yeux qui ont contemplé d’au-dessus, les forêts d’Amazonie, de Guyane, de Mélanésie, du Gabon… Oui d’au-dessus. Là où le mot « biodiversité » prend son véritable sens. Dans les canopées que lui et d’autres géniaux personnages ont su atteindre en imaginant un merveilleux outil : « le radeau des cimes » (cf. image ci-contre).
Vous apprécierez peut-être autant que moi le fait que le RER qui nous a amené jusqu’au lieu de sa conférence, se nommait justement « cime ».
Le Luxe de la connaissance
Ce fut une journée d’abondance absolue. Toutes mes questions trouvaient réponses. Toutes mes idées ressortaient enrichies ou rectifiées vers plus de précision, de finesse. Comment un arbre propulse de l’eau à 115 mètres de haut sans pompe électrique ? Comment meurt un arbre ? Les associations qui reboisent les forêts ont-elles raison de ne replanter souvent qu’une seule essence ?
Les associations de reboisement
Sur ce dernier point, je suis heureux d’annoncer que Francis a accepté de tourner une petite vidéo pour éclairer celles et ceux d’entre vous qui parrainez ces belles associations. Ma question de base était : les associations de reboisement ont-elles raison de ne replanter souvent qu’une seule essence d’arbre ? Faire de la monoculture finalement. Sa réponse est comme je l’espérais, précise, constructive et incroyablement simple à comprendre et à véhiculer.
Là encore, je vous l’offrirai très bientôt et je compte sur vous pour la faire parvenir aux associations qui œuvrent pour replanter. Vous leur rendrez un vrai service, à la Nature aussi et finalement à vous-même et à votre entreprise. Nous en reparlerons ici-même très vite.
« Les gens méprisent les plantes »
Un autre élément merveilleux fut d’avoir eu le luxe de vivre de vraies discussions, pas juste des monologues du maître à l’auditeur. Francis Hallé m’a dit cette phrase, les yeux troublés par cette pensée : « Les gens méprisent les plantes » et n’ont d’empathie que pour les animaux.
Je ne crois pas que les gens « méprisent » les plantes au profit des animaux. Il me semble simplement qu’il manque à beaucoup, la conscience des beautés de ce qui pousse. J’ai pu le lui dire et en discuter avec lui. Et en en parlant, j’ai trouvé encore plus de légitimité à mon propre travail. Éveiller ceux qui ne voient pas, aux beautés des plantes et de la Nature en général. Lui redonner tout son attrait et donner aux entreprises la simple conscience que la meilleure façon d’en tirer des revenus n’est pas de la dominer, mais de l’observer.
Le Monde du silence version canopée
Un autre sujet qui me brûlait les lèvres était l’ambition du botaniste en tournant avec Luc Jacquet le superbe film « Il était une forêt ». L’ambition du film était triple :
- Laisser aux générations futures des images de ce qui pourrait disparaître d’ici 10 ans !
- Éliminer l’image d’Épinal de « l’enfer vert » qui effraye nombre d’entre nous quand on parle de forêts tropicales,
- Avoir le même effet sur les jeunes générations et le monde scientifique que le film du Commandant Cousteau « Le monde du silence ». A savoir déclencher des vocations et ouvrir de nouveaux champs d’investigation scientifiques.
Ce que j’aurais voulu voir « de plus » dans le film coécrit avec Luc Jacquet « Il était une forêt » pour lui donner l’impact du « Monde du silence » du Commandant Cousteau… j’ai pu le lui dire. Et donc lui exprimer mon envie de voir un deuxième film. Tout simplement (ce sont les cons qui osent tout à ce qu’on dit – et bien j’ai osé !).
Pour finir, j’aimerais vous offrir deux conseils forts que cette rencontre fantastique m’a permis de valider :
On a toujours raison de se poser des questions simples. De chercher à comprendre les fondements d’un sujet avant de se lancer dans les exceptions. Parce que bien souvent, les réponses sont beaucoup plus riches qu’on imagine et éclairent de larges pans de votre esprit ensuite.
- Un exemple : Pourquoi les arbres ont-ils des troncs et de quoi est-ce fait ? Réponse : les arbres ont des troncs pour capter le soleil au-dessus des autres plantes et ils fabriquent leur tronc avec… leurs propres déchets ! Un arbre est un donc un champion incontesté du recyclage ! Qui l’aurait cru à partir d’une question aussi simple ?
Osez aller poser vos questions à ceux qui savent. Le web peut beaucoup, mais rien ne remplace les explications d’un homme qui sait de quoi il parle. Je vous souhaite de rencontrer quelqu’un de la trempe de Monsieur Francis Hallé ! De ces hommes qui sont un jalon dans la vie de ceux qu’ils croisent.
A très bientôt pour des vidéos et de nouveaux articles Vegetal Native.
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Bravo pour ce témoignage, d’une rencontre rare.
Lors du 1er congrès des arbres remarquables de France, en septembre 2014, j’ai eu la chance d’échanger quelques minutes avec lui. Au sujet du film de Luc Jacquet « il était une forêt » j’ai aussi osé un « il faut que je vous raconte les réactions de mes enfants quand ils ont vu le film… », du tac au tac il me regarde avec ses grands yeux en me prenant à part « ah oui, ça ça m’intéresse! », et d’écouter avec une attention incroyable tous les détails que je pouvais lui donner.
« Vous savez, pendant longtemps dans le film, ils ne voulaient pas croire que vous étiez réellement monté en haut du moabi (l’arbre vedette du film) », sa réponse avec un petit sourire malicieux « vous leur direz que c’était bien moi, mais que le plus dur n’a pas été de grimper, mais de redescendre… tellement j’étais bien en haut… » Un grand homme.
Bonjour Alain,
Je vous prie de m’excuser pour le délai de ma réponse. Votre commentaire m’a enthousiasmé et j’ai totalement reconnu l’homme dans votre anecdote. Voilà un modèle pour beaucoup de professionnels : prendre le temps d’être à l’écoute de ses publics, accueillir avec bienveillance les retours et savoir communiquer sa passion avec simplicité.
Oui, nous avons de la chance vous et moi, de pouvoir dire que nous l’avons rencontré !
Merci beaucoup pour votre témoignage et à très bientôt je l’espère.
Yves
Yves, J’ai hâte d’écouter les vidéos !
Je suis particulièrement touchée par le constat que Oui, nous sommes majoritairement touchés par le règne animal et que bien souvent, la végétation passe inaperçue.
Le témoignage de cette rencontre ouvre un nouvel horizon : améliorer notre empathie pour la Nature et son règne végétal :
* Regarder la végétation, quelle qu’elle soit, avec un autre regard.
* Etre acteur quotidiennement pour sa préservation
* Attirer l’attention de nos enfants pour qu’ils soient l’écho de cette prise de conscience
Passionnant !
Merci Yves de nous faire partager cette fabuleuse rencontre qui, j’en suis certaine, impactera fortement ton avenir.
Bonjour Mariane,
Il n’y a pas que pour ton anniversaire que je suis en retard, je te prie de m’excuser pour le délai de ma réponse ici. Le temps me file entre les doigts mais j’ai les vidéos sur le bout de la langue !
Pardon pour cette attente ! Tu verras dans la conférence que cette sensibilité aux plantes, nul ne l’incarne mieux que Francis Hallé :)
Je suis sûr que cela te plaira.
A très vite !